
Le vent se souleva prestement. Les feuilles des arbres furent fouettées et pour certaines arrachées à la branche. Les oiseaux se taisaient d’un seul accord, blottis les uns contre les autres. Un soleil timide éclairait à travers l’épais nuage gris un instant, puis le ciel s’obscurcit. Une bourrasque souleva le parfum de la terre mouillée et de l’herbe.
La pluie tomba en un mur opaque. J’étais stupéfaite devant l’agilité de la nature. La cime des arbres se contorsionnait de droite à gauche. Je restais ébahi devant la fenêtre. Dehors se déchaînaient les éléments et c’est alors que je réalisais mon amour pour la pluie. J’ouvris la porte coulissante et m’avança. Je retirai mes pantoufles et posa un orteil sur l’herbe. Mon pied nu glissa dans l’humidité avec délicatesse. Une secousse de plaisir me submergea. Je la laissai prendre possession de mon corps et s’atténuer doucement.
Les poils s’irisaient sur ma peau quand le vent me caressa. Mon corps combattait les rafales d’eau, mais ce fut agréable. La pluie était chaude. La température ambiante était à son comble. Je tournoyai pendant un moment sous la pluie et j’en oubliais ces nuits d’extrême chaleur. J’avais perdu la tête assurément. Je voulais que la tempête me possède complètement. Je retirai mes vêtements trempés et les abandonna sur le sol.
La pluie tombait et glissait sur ma peau qui était désormais vulnérable. Ma tête bourdonnait. Je me sentais éclater sous mille éclairs de sentiments sous mille sensations. J’avais froid et j’avais peur, mais j’étais surtout excitée et légère comme une plume prête à m’envoler avec ce vent endiablé. Les gouttelettes longeaient la courbe de ma poitrine et comme des doigts agiles d’un amant, je sentais mon coeur bondir et s’emballer sous la caresse. Même si je tentais de deviner la destination de la gouttelette, elle me surprenait, m’arrachait un soupir.
Mon esprit combattait avec avidité. La logique et la lucidité finissent par céder. Mon cerveau avait enfin lâché prise. Je fermais les yeux me laissant bercer à l’aveuglette par l’amour que me procurait la nature. Mes lèvres humectées et rougies, j’ouvrais la bouche grande laissant l’eau s’accumuler en moi. Comme la fleur, je buvais la vie, me sentis revigorée et satisfaite. J’eus l’impression de disparaitre dans cette tornade de sensations. Mes préoccupations s’évanouirent et seul le désir faisait bondir mon cœur. La nature m’apporta le parfum des lilas que je sentis bientôt sur ma langue.
Je ne pouvais évaluer le temps que je passai sous la tempête, mais lorsqu’elle cessa sans avertir, je me retrouvais étourdie au centre de ma cour le souffle coupé. Je tremblais comme ces feuilles arrachées à leur tranquillité. J’avais froid, mais je bouillonnais à l’intérieur comme le magma d’un volcan. Une grande lassitude me gagnait. J’ouvris les yeux et le soleil brillait de nouveau. un soleil puissant et chaud. Les oiseaux revinrent chantonner.
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